REMBALLE TES COMPLOTS # 2 -- LA NEIGE EST-ELLE EN PLASTIQUE ?

Depuis plusieurs années aux Etats-Unis circule l’idée d’un nouveau complot mondial. Selon certains, la neige ne serait pas (ou plus ?) de la neige. Elle serait une sorte de matière plastique, non franchement identifiée, que d’obscures organismes nous lâcheraient depuis les cieux, probablement à grand renfort d’avions empoisonneurs. Après les gaz sensés nous contrôler et la fausse neige en plastique, on peut se demander comment les compagnies aériennes arrivent encore à trouver de la place pour leurs passagers… Bref, loin d’être une blague ou un canular, passons en revue cette théorie de la « fake snow » qui peut faire sourire mais qui gagne aussi désormais, depuis quelques jours, la France.

 

Plusieurs vidéos ont été publiées cette semaine sur les réseaux sociaux. On y retrouve des personnes se livrant à une « expérience », sur le modèle des vidéos parues aux Etats-Unis. Cette « expérience » peut se résumer de la sorte :

_ Confectionner une petite boule de neige.

_ A l’aide d’un briquet, brûler la boule de neige.

_ Observer et interpréter.

 

Avant tout, il convient de regarder les vidéos suivantes pour se faire une idée du phénomène : 

Drôle de neige...

Il neige du plastique chez moi... et chez vous ?

 

En premier lieu, qu’est-ce que la neige ? Il s’agit d’une forme de précipitation atmosphérique présentant un assemblage de cristaux de glace, renfermant une certaine quantité d’air et d'eau.

Ces agrégats sont communément appelés « flocons ». Dans une boule de neige, cette dernière est relativement compacte : pour en confectionner une, on presse généralement la neige entre ses mains jointes. Une boule de neige est donc poreuse et renferme une certaine quantité d’air entre ses cristaux de glace, ainsi qu'une faible quantité d’eau liquide.

A quoi pouvons-nous donc nous attendre en la chauffant avec un briquet ? A ce que la glace fonde et que la neige devienne de l’eau liquide ? Après tout, c’est ce que nous observons lorsque le Soleil la réchauffe... 

 

Ce que ces personnes observent pourtant, c’est que la neige ne fond pas, et ils en tirent de bien mauvaises conclusions. Cela est en effet directement lié à la densité de la neige. Plus la neige est dense et donc compacte, plus la quantité d’énergie nécessaire à sa fonte est grande, car la chaleur se transmet moins facilement à travers la boule. De plus, l’air étant un bon isolant thermique, sa présence entre les grains dans la boule entrave le transfert de chaleur. La seule exposition à une flamme n’est donc pas suffisante.

En réalité, une fine pellicule externe de neige fond bel et bien au contact de la flamme, mais cela n'est pas perçu car la boule agit dans ce cas comme une éponge et, par principe de capillarité, la faible quantité d’eau résultant de cette fonte en surface est attirée à l’intérieur de la boule.

 

Ensuite, pour ce qui est du dépôt noir que certains semblent attribuer à du « plastique » brûlé, il ne s’agit de rien d’autre que d’une fine pellicule de carbone.

Pour le comprendre, il faut d’abord savoir qu’un briquet brûle du butane, un hydrocarbure. Comme tous les hydrocarbures, le butane est composé d’atomes de carbone et d’atomes d’hydrogène. Plus précisément, il contient 4 carbones et 10 hydrogènes : sa formule brute est donc C4H10.

En chimie, l’équation de la combustion d’un hydrocarbure est la suivante :

Dans notre cas, comme il s'agit de butane, l'équation chimique qui s'applique est donc :

 

Les étincelles produites par les frottements de la molette avec une petite pierre à briquet permettent d’enflammer les vapeurs de butane (C4H10), produisant ainsi la flamme. Le comburant, qui permet la combustion, n’est autre que le dioxygène (O2) présent dans l’air.

Si le débit du briquet est correct, la flamme est de couleur bleue et les produits créés par la réaction sont, comme indiqué ci-dessous, du dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau. La totalité du butane est brûlée, on parle de combustion complète.

 

 

A l’inverse, si le débit du briquet est trop important, la flamme est grande et de couleur jaune. Il n’y a dans ce cas pas assez de dioxygène présent pour que la réaction soit totale et on parle de combustion incomplète.

 

 

C’est cette forme de combustion qui nous intéresse ici. La proportion de gaz qui ne peut pas réagir avec le comburant entraîne toujours la formation de vapeur d’eau (H2O), mais cette fois-ci de carbone solide (C) à la place de dioxyde de carbone (CO2).

C’est ce carbone solide qui, projeté au-dessus de la flamme, s’accumule en un dépôt noirâtre sur toute surface correctement exposée. Tentez l’expérience avec un verre, une assiette ou une fourchette, peu importe : le même dépôt se formera.

Il en va de même avec la neige, car on voit bien que ce dépôt de carbone est entraîné par une mauvaise combustion du gaz du briquet, et ne dépend donc en aucun cas de la matière du corps exposé à la flammeDe la même façon, l’odeur de plastique rapportée est due aux gaz non consommés par la réaction.

 

Rassurez-vous donc, la neige existe et n’est pas du plastique, pas plus qu’elle n’est le fruit d’un complot planétaire distillant savamment son poison dans nos contrées. En revanche, peut-être faudrait-il s’inquiéter du succès grandissant de ces théories fumeuses.

 

ƦΣɱү

Retour à l'accueil